IMASSINE

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La tribu Ait Merghad

Les Ait Merghad : un groupe, une région

Les Ait Merghad occupent une portion du versant sud du Haut-Atlas central et oriental, à cheval sur les palmeraies présahariennes et les sommets de la chaîne atlassique. La vallée du Ghéris constitue leur foyer central, mais il la débordent, au sud sur celle du Ferkla, à l’ouest sur celle du haut Dadès et au nord-est sur celles du Ziz et de la Haute Moulouya. L’ethnonyme n’est rien moins qu’un emblème onomastique, comme dirait Berque. Sur ce territoire, cohabitent, en effet, Noirs et groupes maraboutiques (Chorfa, Igourramen), tous sédentaires cultivateurs, et anciens transhumants ou nomades Ayt Merghad proprement dits, largement sédentarisés. Il convient d’ajouter un fond local ancien de Blancs sédentaires et de Juifs. Ceux-ci ont, sauf exception, quitté le pays dans les années 1950 et 1960. L’ethnonyme, à défaut de restituer la diversité de la population, caractérise ici une région.5 Cette diversité s’enrichit d’une pluralité des terroirs (allant des premières dunes sahariennes aux sommets enneigés du Haut-Atlas oriental), des genres de vie et d’instructives micro-spécificités culturelles (culinaires, vestimentaires, cultuelles) et linguistiques.

En fait, ceux que l’on appelle les Ait Merghad sont d’anciens transhumants ou nomades, selon les groupes, probablement Sanhaja, qui, selon les récits de mémoire, remontent à la région de la haute vallée du Dadès dénommée Imedghas. Le document le plus ancien qui les mentionne est un pacte de protection tayssa, dont une copie a été produite par un marabout de Tazouka, localité de la banlieue d’Errachidia6 Ce document remonte au début du XVIIè siècle (1012 H/1603-04 J.-C.). Du foyer présumé de l’Imedghas, leurs groupes semblent s’être étalés vers l’est et le sud, protégeant les sédentaires ou occupant certaines vallées irriguées telles le Ghéris et le Ferkla. Ces mouvements participent du climat d’agitation du Sud marocain qui a entraîné, aux XVIIè, XVIIIè et XIXè siècles, la célèbre poussée sud-est – nord-ouest des tribus. Expulsions de certains groupes, partage des terres des vaincus avec les "protégés" (notamment les groupes maraboutiques), contrôle des pâturages et des points d’eau, mainmise sur les palmeraies, tels sont les traits significatifs qui se dégagent des récits de mémoire. Un usage modéré sera fait de cette tradition orale par défaut, suivant l’expression de J. Dakhlia.7 A les recouper avec les quelques documents sûrs dont nous disposons,8 ces récits ne peuvent être entièrement ignorés. Encore faut-il que la polyphonie des groupes ou même des individus et le handicap chronologique qui les caractérise soient surmontés. Enfin, il s’agit d’une région éloignée des centres du pouvoir, mais proche du Tafilalt, berceau de la dynastie âlawite. Région berbérophone aussi, dont le parler se rattache au tamazight du Maroc central, la spirantisation en moins et quelques divergences lexicales en sus. L’arabe marocain est utilisé concurremment avec le tamazight dans les grandes agglomérations (Goulmina, Tinejad) et l’arabe standard est la langue de l’école, de l’administration et de la justice.

Au début du siècle, les Ait Merghad sont décrits dans les premiers rapports français comme étant majoritairement transhumants. Seuls quelques groupes, ceux-là mêmes qui résisteront à la pénétration française jusqu’en août 1933 sur le massif du Baddou (Haut Ghéris), présentaient les traits les plus nomades.


extrait de thése soutenu par Ahmed skounti



20/02/2008
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