IMASSINE

IMASSINE

un peu d'histoire

Un peuplement ancien

Le Sud-Est marocain constitue un foyer de peuplements anciens. Il renferme de nombreux vestiges archéologiques qui restent d'ailleurs à prospecter. Les innombrables gravures rupestres réparties au Sud des chaînes de Bani du Sarhro et l'Ougnat et qui jalonnent les oasis et leurs zones limitrophes témoignent de l'ancienneté de la présence humaine dans ces contrées. Notons que les densités rupestres sont particulièrement fortes aux abords du monde des palmeraies. Cette région compte également parmi les plus riches du Maroc en monuments funéraires pré-islamiques.

D'innombrables tumulus existent ici et là aux abords des vallées, à Skoura, à Tazarine et notamment au Sud-Est de la localité d'Erfoud à Taouz et singulièrement dans le Dra. En effet c'est dans le Dra que se situe la plus grande nécropole à timuli au Maghreb, et ce sur le site de Foum Larjam sur la rive droite de l'oued entre Tagounite et M’hamid. De nombreuses cavernes parfois ris, à Skoura et dans le Dra etc.…, sont sans nul doute l’œuvre des populations anciennement établies dans ces contrées.

remarquablement aménagées, mais des “ksour” et des citadelles actuellement en ruine dans le Todrha, le Dadès, le Ziz, le Rh

Les sites de la zone rupestre de Msessi au Sud de l’Ougnat entre les localités d’Alnif et d’Erfoud,(A. Simoneau) montrent que la région a bien été un refuge pour les populations néolithiques.

C'est dans ce monde, actuellement aride, et où seule la maîtrise de l’eau donne lieu à une vie humaine laborieuse principalement concentrée dans les terroirs oasiens, que vivaient les prédécesseurs et peut-être les ascendants des populations berbères.

Évoquant le périple de Hanon au Vème Siècle avant Jésus-Christ, on note trois types de populations qui vivaient dans ces contrées : les Lixites, les Troglodytes et les Éthiopiens.
Les populations dites Lexites devaient vivre exclusivement de l’activité pastorale, elles seraient alors répandues dans ces contrées désertiques et passeraient pour les prédécesseurs des tribus berbères nomades : les Sanhaja.

Les Éthiopiens quant à eux, seraient des populations de couleur, et passeraient pour les premiers occupants des Oasis du Sud marocain d’une façon générale. Déjà à cette époque lointaine, des luttes pour l’appropriation de l’espace opposaient les groupes humains les uns aux autres.

Les tribus berbères du désert ont depuis longtemps dominé et asservis les populations négroïdes qui, selon toute vraisemblance seraient les ascendants d’une partie des populations actuelles nommées “Haratine”, groupe social facile à distinguer par sa pigmentation et son statut social sur lequel nous reviendrons ultérieurement.

L'arrivée des juifs dans le Sud marocain et leur établissement dans les vallées du Dra et du ZIZ se placerait au Vème siècle avant Jésus Christ, et aussi au début de l’ère chrétienne. Les populations négroïdes (Éthiopiens de l’Ouest), christianisées entre temps se seraient probablement heurtées aux populations juives et des luttes entre les deux groupes ethnico-religieux, auraient duré plusieurs siècles.

Pour ce qui est du troisième type de population anciennement établi dans cette région, les Troglodytes, il serait composé vraisemblablement de sédentaires. Les Innombrables cavernes creusées dans les falaises qui jalonnent les vallées du Dra, du Ziz, du Dadès, du Todrha et du Mgoun… etc, seraient l’œuvre de ces populations.

Selon la tradition juive du Sud Marocain, un certain nombre de familles juives aurait réussi à échapper à la captivité au moment où Jérusalem a été assiégée au début du Vème siècle avant Jésus Christ (environ 580). Ces familles seraient parvenues à s’établir au Sud marocain et en particulier dans la vallée du Dra moyen et dans le Tafilalet. La même tradition conservée par les rabbins du Dra, fait état de l’arrivée massive de migrants juifs probablement après la chute de Jérusalem et la dispersion des tribus d’Israël. Les dernières vagues de migrations juives auraient eu lieu au premier siècle de l'Hégire fuyant les développements de l'Islam.

A leur arrivée, ces peuplades se seraient d’abord installées à Tidri sur le coude de l’Oued Dra et auraient même par la suite fondé un royaume judéo-berbère dont la capitale était à Tamgrout sur la rive gauche du Dra moyen.

Des auteurs soutiennent que des ksour (Voire partie Ksour annexe), voire même des fractions entières de tribus passeraient pour être d’origine juive ou anciennement judaïsées et reconverties à l’Islam ; c’est le cas à titre d’exemple des Iourtguiyne et Achrahil dans le Dadès moyen.

Ainsi cette région, constitue l’une des régions du Maroc anciennement peuplées par des populations israélites ou autres populations judaïsées. D’ailleurs, la tradition orale du Sud Est marocain (Contes, légendes et autres histoires fabuleuses… etc) atteste que les populations juives ont toujours occupé une place importante parmi les populations locales. Celles-ci seraient à l’origine de plusieurs métiers, les juifs étant réputés pour être de grands artisans en matière d’orfèvrerie, de maçonnerie, de tannage, d’irrigation (probablement introduction du système des Khettara), et des commerçants etc…

Les premières expéditions musulmanes au Maghreb remontent à la fin du VIIème et au début du VIIIeme siècle.

Au milieu du VIIIème siècle les Berbères Zénètes ont créé un État musulman dont la capitale était Sijilmassa dans le Tafilalet (Voir caractéristiques ethniques). La fondation de cette cité entraîna la décadence des cités déjà connues de la région (Todrha, Dra…).

Depuis sa création, le royaume de Sijilmassa et par là, le Sud -Est marocain dans son ensemble, va connaître un grand essor. Son rayonnement qui s'étendait au delà du Maghreb est le résultat du rôle politique, religieux mais surtout de métropole de commerce caravanier que la cité de Sijilmassa a joué pendant plus de six siècles.

La région du Dra, ne devient musulmane que lorsque les tribus sahariennes voilées(les Moulathamoun = Les Almoravides) s'emparèrent du Sud marocain. C'est au milieu du XIème siècle que l'on assiste à l'islamisation massive des populations locales.

Parallèlement au développement du commerce caravanier, la vie paysanne et sédentaire s'était développée. L'arboriculture était venu intensifier les systèmes de cultures, plusieurs espèces d'arbres fruitiers dont le palmier dattier était alors connus.

L'activité pastorale semble également occuper une place non négligeable dans la vie rurale des tribus (Voire transhumance). Aux troupeaux bovins des palmeraies viennent s'ajouter les ovins et caprins des montagnes et des steppes ; mais aussi, d'importants troupeaux de camelins. Ce cheptel faisait la richesse des tribus.

A la fin du XIVème siècle, Sijilmassa est ruinée, et l'anarchie s'était installée dans le Dra. En raison de l'insécurité qui régnait sur les pistes reliant l'Afrique Subsaharienne à Sijilmassa en passant par le Dra et le Dadès… etc., les caravanes se détournent de Sijilmassa et suivent d'autres itinéraires.

L’invasion des tribus arabes maâqiliènnes a été à l’origine de deux phénomènes qui ont marqué l’histoire sociale du Sud-Est marocain, en particulier et celle de l’ensemble du Maroc intérieur, en général.
Il s’agit :
Premièrement de la formation des confédérations de tribus, dont nous évoquerons les plus importantes.
Deuxièmement, de la poussée des populations du Sud qui se lancèrent à l’assaut de celles du Nord.

Ces deux phénomènes nous intéressent particulièrement car ils auraient été, décisifs quant à la répartition géographique des groupes humains qui se partagent actuellement le territoire. La masse migratoire a emprunté l’axe Sud – Nord et devaient viser deux objectifs principaux :
a. Mettre la main sur les pâturages d’été (igoudlan) situés en haute montagne et surtout sur les versants nord du Haut et du Moyen-Atlas.
b. Acquérir d’avantage de terrains de culture et tenter de s’emparer des fertiles plaines intérieures et atlantiques qui ont de tout temps séduit les populations du Sud.

Cet objectif est en rapport étroit avec la prédominance de la vie pastorale et avec les conditions difficiles d’existence des tribus présahariennes et sahariennes.

Les Zemmour, les Guerwan, et les Beni Hsen actuellement installés dans la région de Meknès et dans le Gharb occupaient autrefois le Sarhro où ils ont été remplacés par les Aït Atta. Quoi qu’il en soit, avec l’avènement de la dynastie Saâdienne (1511 – 1557) dont le berceau se trouve à Tagmaddarte dans le Dra, et surtout pendant le règne d’Ahmed El Mansour AD-DAHBI, le Dra a été amené à jouer un rôle très important dans l’histoire du Maroc. Cependant la prospérité et l’essor économique et culturel qu’a connu la région sous le règne d’El Mansour étaient éphémères. Après sa mort les querelles de succession, le regroupement des tribus sanhajiennes en confédérations parfois autour de chefs religieux et les ambitions des différentes confréries religieuses (Zaouia) plongent de nouveau le pays dans de sérieuses difficultés.

En effet, face aux nouvelles incursions arabes (maâqiliennes), on voit naître une organisation sociale et politique des groupes soumis. L’une des réactions de ces groupes humains fut de chercher à se grouper autour des chefs religieux. Ainsi la réaction prit d’abord une forme religieuse qui se développa pour aboutir à un phénomène de grande envergure, le mouvement maraboutique. On voit alors se multiplier les confréries religieuses et se développer le culte des Saints, lesquels détiennent, encore de nos jours, une importance fort considérable dans la vie humaine et occupent une place non négligeable dans les croyances populaires du Maroc, en général et du Sud-Est, en particulier.

L’autre réaction fut la constitution de fédérations tribales . Ainsi de nouveaux noms apparaissent comme c’est le cas des Aït Atta.

En effet au XVIIème siècle, Dadda Atta réussit à grouper une partie des populations sanhajiènnes sous l’égide de la Zaouia de Tamsloht de sidi Abdellah Ben Hsaïne et à créer dans le Jbel sarhro la confédération qui porte son nom de “ la confédération des Aït Atta (Aqbil n’Ait Atta) ”. Ceux-ci grâce à l’organisation politico-social minutieuse, sur laquelle nous reviendrons, ont réussi non seulement à évincer les tribus arabes Maâqil mais, à devenir maîtres du Sud de l’Atlas jusqu’à l’époque coloniale .

Vers le milieu du XVIIème siècle, une nouvelle coalition vit le jour à Ilmdrhas dans le haut Dadès ; c’est la confédération des Aït Yefelman qui groupe plusieurs tribus pour la plupart également Sanhaja dans l’objectif de contrecarrer la progression des Aït Atta vers le versant nord du Moyen Atlas et du Haut Atlas Oriental.

Quoi qu’il en soit, les Aït Atta – après la mort de My Ismaïl –véritable fondateur de la dynastie Alawite, ont pu étendre leur territoire jusqu’au Tafilalet, berceau des Alawites

La confédération Aït Seddrate, tribu Zenète, anciennement établie dans le Dadès a pu prendre pied dans la haute vallée du Dra à l’appel du Sidi Mendil pour venir en aide aux Haratines dont le territoire était à la merci des déprédations des Arabes Ouled Yahia.

D’autres ksour menacés demandèrent la protection de telle ou telle tribu nomade et notamment celle des Aït Atta . c’est Ainsi que chaque tribu ou fraction de tribu s’engagerait à assurer la protection (tayessa) d’une ou de plusieurs agglomérations ksouriènnes contre la concession d’une portion de leur territoire. Cette histoire mouvante nous a légué un paysage ethnique très complexe et conflictuel.

Dans ce contexte, plusieurs pactes de protection (tayessa) furent conclus entre sédentaires persécutés et nomades protecteurs. En raison des rivalités et des luttes intertribales, des pactes de fraternité par coalition (tata) virent le jour. Du XVII au XXème siècle l’évolution sociale fut largement imprégnée par les antagonismes et les luttes intestines.

A La fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, la région d’Ouarzazate, Dadès jusqu’au Todrha était sous l’emprise de la famille d’El Glaoui, maîtres des cols de Tichka (Haut Atlas Central). En effet, sidi Mohamed Ibibt El Mezouari a été nommé sur le territoire des Aït Ouawzguit, Imarhran et le Dadès à l’époque du Sultan My Abderrahman. Son successeur Sidi El Madani El Glaoui pacha de Marrakech devient un seigneur redoutable qui exerçait avec ses khalifs et cheikhs un pouvoir sans limites sur les populations de la région.

Or, les Glaoua n’ont pas pu étendre leur autorité sur tout le territoire (Dra – Tafilalet) dominé principalement par les Aït Atta. Après l’achèvement de la pacification et l’installation de la colonisation, le pays entre dans une nouvelle ère caractérisée par l’ouverture sur le monde extérieur et l’on assiste dès lors à de véritables mutations des sociétés traditionnelles. Cet aperçu historique succinct, montre que la région a longtemps été le théâtre de conflits opposant les divers groupes humains, ethniques, linguistiques religieux…


Les principaux groupes ethniques:

Les groupes humains tels qu’on les observe actuellement dans la région sont : les Aït Atta dans toutes leurs composantes, les ramifications des Aït Yafelman (Aït Hdiddou, Aït Izdeg, Aït Yahia, Aït Morrhad,…etc) les Imarhran, les Mgouna, les Aït Seddrate, les Aït Ouaouzguit, les Glawa, les Ouled Yahia, les Roha, les Aarab Sebbah, les Sfalat, les Chorfas, les Haratine, etc…sont d’origines variées.

D’ailleurs, le peuplement de cette zone – comme c’est déjà évoqué plus haut – s’est effectué de façon progressive par l’arrivée d’individus et de groupes humains de façon successive, simultanée à de grandes phases de l’histoire. Ces différentes couches se sont métamorphosées par le contact, se sont assimilées ou ont été rejetées par les communautés en place.

Afin de faire face aux contraintes du milieu physique et humain, les populations du Sud-Est marocain, nomades, semi-nomades vivant essentiellement de l’activité pastorale ou agriculteurs oasiens fixés au sol, se sont vues dans la nécessité de constituer des groupements sociaux sous forme de villages, de fractions de tribu, de tribus ou de confédérations de tribus. Tout au long d’une histoire complexe chaque groupe dispose d’un territoire dont l’étendue et l’importance des potentialités économiques dépendent de sa puissance et de la cohésion de ses composantes.

Pour les populations qui vivaient principalement de l’activité pastorale, l’étendue et la complémentarité des terroirs constituant les finages est vitale. L’élevage est soumis à un double mouvement de transhumance(voire transhumance).

Une fois, ces groupements réalisés, ils engendrent une certaine organisation sociale et spatiale. Notons que l’une des particularités des collectivités traditionnelles du Sud-Est marocain réside dans l’importance que détiennent la coutume et le droit coutumier dans la vie communautaire. Le Droit coutumier désigné différemment par les vocables (l’ourf (en arabe), Izerf ou ti’aqqidine en berbère) fait encore de nos jours force de loi dans la gestion de plusieurs actions du quotidien (eau, parcours, les lotissements, la gestion des institutions communautaires).

Les paysages humains dans la zone du Projet, sont d’une extrême complexité. Aussi, cet aperçu ne pouvait-il être complet et exhaustif. Néanmoins, nous essayerons de tracer ici les caractéristiques majeures des composantes humaines qui se partagent actuellement le territoire.

Ici, on a affaire à une société qui se distingue par sa grande diversité ethnique. Sur le plan linguistique nous pouvons déjà classer les groupes humains en présence en deux groupes: les Berbérophones qui se caractérisent par leur nette prédominance et les arabophones. Les uns et les autres sont groupés en une multitude de tribus.

Les grands rameaux des Berbères du Maroc y sont représentés. Les uns remontent aux anciens Sanhaja (Zenaga) groupe dit également Beraber essentiellement composé de nomades et de semi-nomades actuellement sédentarisés pour la plupart (c’est le cas à titre d’exemple des Aït Atta et des Aït Yafelman). Les Zénètes (Zenata), dont les “ représentants ” sont les Aït Seddrate. Ils se sont constitués en confédération tripartite et les Aït Serhrouchen ralliés à la confédération Aït Yafelman. D’autres berbères appartiennent au rameau dit Masmouda, groupe dit également Chleuh, de parler tachelhyt. Quant au arabophones, ils sont soit des descendants des tribus arabes Beni Maâqil venues d’Orient, soit des populations arabisées locales (Voire organisation sociale).

Les groupes sociaux qui appartiennent à la famille Masmouda, occupent la partie Ouest du territoire de Projet. Ils s’étalent d’une partie du bassin versant du Dadès (domaine des Imarhrane, jusqu’au Siroua et à l’Anti Atlas (Aït Ouaouzguit) en passant par le domaine des Glaoua du Sud (Haut Atlas Central à Telouet) et le bassin d’Ouarzazate.

Ces groupes humains sont répartis en plusieurs tribus groupées parfois en confédérations (cas d’Imarhran et des aït Ouaouzguit). Ils sont berbérophones et parlent pour la plupart des idiomes apparentés au tachelhyt, dialecte berbère, du Sud qui se distingue du Tamazirht parlé au Maroc Central et du Tarifiyt parlé au Nord du pays.

Les tribus des Aït Ouaouzguit bien qu’elles soient d’origines variées paraissent occuper leur territoire actuel depuis des temps immémoriaux.

Les tribus Sanhaja sont le groupe humain dit également beraber désigné aussi par le vocable Zenaga, terme que l’on retrouve dans Sanhaja. Mis à part les territoires occupés par les anciens Zénètes (Aït Seddrate, Aït Serhrouchen) et les populations arabes d’origine maâqilienne…), les groupes appartenant à ce rameau s’étalent sur un vaste territoire, des frontières algéro-marocaines jusqu’aux crêtes du Haut et du Moyen-Atlas en passant par les bassins versant du Dra et du Ziz et bien évidemment par la montagne du Sarhro berceau de la célèbre confédération des Ait Atta.

Bien qu’il soient là depuis fort longtemps ces nomades et semi-nomades, n’ont pu se manifester avec force qu’à partir du XVIème siècle quand s’est déclenché le grand mouvement de migrations des tribus du Sud à l’assaut du versant nord de l’Atlas.

Deux puissantes confédérations tribale d’ailleurs rivales, les Aït Atta et les Aït Yefelman constituent l’élément Sanhaja dans la zone du projet. Ils sont berbérophones leur parler est apparenté à la famille berbère Tamazight du Maroc Central. Ils se disent eux mêmes Imazighn (Hommes libres).

Les Zénètes semblent être l’une des composantes berbères anciennement établies dans la région. Bien avant la conquête musulmane, le site du Sijilmassa selon certaines sources, était un lieu de pâturage des tribus nomades Zenètes. Parmi ceux-ci, les nomades Miknassa qui parcouraient les hauts Plateaux et Plaines du Sud de l’Oranais et le Tafilalet ont réussi à fonder la ville de Sijilmassa. La majeure partie de ces populations a par la suite été arabisée et soumis aux arabes Maâqil. Les Aït Serhrouchen qui occupent la partie N. E. de la zone du projet sont des populations d’origine Zenètes ralliées à la confédération des Aït Yafelman.

Selon la tradition orale, ils seraient venus du Nord – à contre courant de l’émigration dans l’axe Sud-Nord – à l’appel des Chorfas Idrissides. Ils auraient pris pied dans leur territoire actuel situé dans le Dadès – amont qui seraient occupé à l’époque (vers le XIème siècle) par les Aït Hdiddou lesquels ont dû remonter le Dadès jusqu’à l’Imedrhas berceau ultérieurement (XVIIème siècle) de la confédération Aït Yafelman.

Les tribus arabes Maâqil sont originaires du Yemen. Installés d’abord en Ifriqiya (Tunisie) au temps des Fatimides (XIème siècle), leurs avant-gardes ont poussé des pointes en direction du Tafilalet, Ferkla, Dadès et le Dra à l’époque des Almohades au XIIIème siècle.

Dès le XIVè siècle, ces bédouins devinrent maîtres du Sud.

Actuellement, les noyaux de populations arabes maâqiliennes se localisent essentiellement dans le Dra et le Tafilalet. Dans le Dra se trouvent, les Ouled Yahia, les Roha, les Aarib, les Beni M’hamed. Dans la palmeraie de Skoura, les Oulad Maâguel et Oulad Yagoub occupant actuellement le secteur médiant “ El woust ”, seraient des descendants des Oulad Yahia et des Roha qui seraient arrivés les derniers dans cette palmeraie. Dans le Tafilalet, les descendants de ces tribus se localisent surtout à Tizimi à Jorf et Fezna. Plusieurs sous groupements constituent ce groupe (les Sfalat, Beni M'hamed, Aarab Sebbah…).

Les Harratines représentent une population facile à distinguer par sa pigmentation et par son statut social. Les Haratines sont désignés par plusieurs vocables : Ihardan (pluriel du terme berber ahardan), Iqblyne (ber . – aqbyl) qui signifie les gens du Sud ou encore Isouqiyne (pl. assouqiy).

En règle générale, le nombre de ces populations de couleur augmente sensiblement à mesure que l’on va vers les moyennes et les basses vallées oasiennes.

Les Haratine représenteraient pour la grande majorité le vieux fonds sédentaire héritiers des “ Éthiopiens ” déjà évoqués, et en partie des descendants d’esclaves ramenés du Soudan. Ils représentent un groupe social et ethnique déshérité qui travail surtout la terre et qui s’adonne à des métiers particuliers (forgerons, potiers etc…). Ils sont donc sédentaires implantés dans des ksour et parlent soit l’arabe, soit le Tamazight selon la prédominance ethnique des anciens protecteurs blancs.

Parmi les haratine, on peut distinguer les Hrar (hommes libres) comme c’est le cas des Draoua Hrar anciennement établis dans les oasis de Mezguita et Tinzouline dans le Dra. Ceux-ci ont su garder leur indépendance au temps où régnait l’insécurité dans la région.L’analyse ethnographique des populations du Sud-Est marocain montre que nous avons affaire à une société complexe et composite. Les vicissitudes de l’histoire sociale régionale propre à cette zone ont forgé une segmentation de la population en groupes sociaux stratifiés et hiérarchisés. Notons ici que chaque groupe humain revendique l’appartenance à une même origine et prétend avoir un ancêtre éponyme commun d’ailleurs, très souvent fictif.Tout d’abord il faut noter que les Chorfas prétendent l’affiliation à la famille du Prophète Mohamed. Ils sont donc d’origine noble et vénérés aussi bien par les Arabes que par les berbères. Quant aux Mrabtine (Marabouts) désignés en Berbère par le vocable “ agourram ” (pl. Igourramen) ils sont généralement des hommes de grande piété. Ils sont également distingués et bénéficient du même prestige moral que les Chorfas. Les chorfas et les Igourramen, souvent attachés à un saint forment des confréries. Leur rôle de conciliateur leur vaut un statut social particulier.Les hommes de religion sont généralement cultivés et détiennent une place prééminente dans la société. Ils assurent les fonctions d'enseignants, de juristes et de guides spirituels. En plus de leur pouvoir social, ils jouissent de positions politiques et économiques. Certains d'entre eux possèdent des biens divers et surtout de grandes propriétés foncière. Avec l’ouverture ce pouvoir s’effrite et devient de plus en plus contesté.Le groupe humain des blancs (arabes et berbères)distingué car composé surtout d’anciens protecteurs nomades désignés par le vocable Ahrar en arabe et Imazighen en berbère . A l’heure actuelle ils se spécialisent encore dans l’élevage activité considérée noble. Forts de leur ancien pouvoir de guerriers ils se sont sédentarisés pour la plupart. Parmi eux sont nommés les Chioukh, les moqadems et constituent les représentants des groupes au sein des nouvelles institutions (Conseils communaux, régionaux ….). Les Haratines sont réputés pour être des agriculteurs et horticulteurs connus pour leur opiniâtreté au travail. Ils se sont également spécialisés dans des métiers socialement peu considérés (forgerons, Khammas, bergers, domestiques… etc).Cependant, depuis la grande ouverture par le biais de la scolarisation, de l’émigration, du développement des moyens de communication et de transport, par le contact…etc, on assiste à une nouvelle dynamique dans les rapports sociaux entre les différents groupes humains. Les signes d’une nouvelle redéfinition des rôles et des statuts dans les affinités inter-ethniques deviennent de plus en plus perceptibles sur le terrain. Toutefois les anciennes structures traditionnelles continuent à marquer l’organisation de l’espace et de la société(voire organisation sociale).Cette approche historique et ethnologique permet de retenir les principaux points suivants :La région de la réserve a été un haut lieu de l’histoire du Maroc. Les vestiges de civilisations anciennes existent, toutefois, les secrets de son passé ne sont pas tous percés. De nombreux sites archéologiques restent à prospecter et l’histoire sociale est encore peu connue.L’implantation humaine dans la zone remonte à une époque immémoriale, et de nombreux indicateurs attestent de l’ancienneté du peuplement. Cette région a non seulement joué un rôle de premier ordre dans l’histoire du Maroc mais aussi dans celle du Maghreb. Elle constitue, de ce fait le berceau de la plupart des dynasties qui ont régné sur le pays.La formation de la société est le résultat de convergence de flux migratoires vers ces contrées. Il s’agit donc d’une société composite , formées de groupes humains de races et d’origines diverses. Cette diversité ethnique explique la grande richesse du patrimoine culturel local et en même temps la forte hiérarchisation sociale. En raison vraisemblablement de la rareté des principales ressources économiques, fondement de la vie dans le milieu oasien et montagnard du Sud-Est marocain, les finages communautaires constituent des espaces conquis de haute lutte.L’organisation socio-spatiale est sujette aux rapports de force entre les divers groupes humains en présence.



30/01/2008
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