IMASSINE

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Architecture berbère: l'Agadir berbère

Etude des greniers fortifiés berbères et leur relation avec le peuplement dans la « Vallée
salée » (Assif Marghane) et d’Aït-ben-Haddou (Haut-Atlas/Maroc).
Johnny De Meulemeester
Les résultats des fouilles au Cabezo de la Cobertera (Espagne) ont obligé les
archéologues à mener une recherche ethno-archéologique sur les greniers collectifs
fortifiés du Maghreb afin d'expliquer et de comprendre ces sites remarquables. Un
accord entre les gouvernements wallon et marocain stipule une collaboration au niveau
de la promotion de ce patrimoine exceptionnel maghrébin. L'ethno-archéologie est une
démarche qui par l'observation de pratiques traditionnelles, mais actuelles, remonte
dans le temps pour fournir aux archéologues des schémas explicatifs et des
interprétations des vestiges découverts. Elle apporte ce qui fait souvent défaut à la
description archéologique : le volume et le vécu, l'observation en vraie grandeur.
Au Maroc nous collaborons avec le Département des Affaires Culturelles et l'Institut des
Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine à Rabat.
Le grenier collectif est un édifice plus ou moins vaste, détaché de l' habitat journalier, où
les Berbères emmagasinent leurs récoltes et d'autres biens. Sous le nom de ksar, de
guelaâ, de kasba, d'aqrar, de tirghemt ou d'agadir les uns dominent les villages, d'autres,
isolés de l'habitat journalier, couronnent un piton rocheux. On les trouve de la
Tripolitaine jusqu'au Maroc, où ils sont les plus nombreux, les plus variés quant au type
et les mieux conservés. Son origine reste tout à fait obscure. Les plus anciennes chartes,
relatant le droit coutumier de magasins-forteresses, datent des XVIe-XVIIe siècles. Mais,
l'agadir a un caractère sacré et il n'est pas exclu de penser que le substrat de cette
croyance est antérieur à l'Islam. La fouille du Cabezo de la Cobertera (Murcie, Espagne)
en modifie l'image chronologique.
Agadir du Haut-Atlas.
Il semble que les conditions naturelles d'origine climatique et l'économie du pays aient
imposé la nécessité de stocker - il faut emmagasiner pour les périodes de disette - et que
s'y soit ajoutée celle de parer aux ravages de la guerre et de la continuelle menace de
pillage.
L'agadir est un établissement de tribu ou de clan où chaque chef de famille possède une
case individuelle, fermée, dont il a la clef. Le magasin et ses dépendances sont placés
sous la garde d'un portier qui surveille les allées et venues des usagers et en interdit
l'entrée aux étrangers. Souvent ce grenier est aussi une forteresse, hérissée de tours de
guet et située sur un lieu escarpé aux abords difficiles.
Ces agadirs présentent une allée médiane étroite, de chaque côté de laquelle sont
alignées sur plusieurs étages des cases à grain de même forme et de mêmes dimensions.
Toutes les cases ouvrent vers l'intérieur du magasin et sont closes par des portillons de
bois. Une seule porte donne accès à l'allée; il n 'y a nulle autre ouverture vers l'extérieur,
si ce n'est les soupiraux d'aération. Les dépendances varient en nombre et importance;
outre la loge du portier, il peut y avoir une ou deux pièces pour les gardes, un moulin,
une forge, une écurie-étable, une chambre de réunion des notables, une petite mosquée
même. Un grand agadir comporte plusieurs citernes.
Les enceintes, formant un enclos ou chemin de ronde, peuvent être fortifiées par des
tours de guet. Dans l'enceinte, une seule entrée, en chicane ou fortifiée, permet de
pénétrer à l'intérieur de l'enclos.
Le terrain choisi est divisé en mesures égales et les étages tirés au sort. Une famille peut
occuper plusieurs cases du grenier. Chacune des cases a été construite par une famille,
celle-ci en a la propriété; l'entretien lui en incombe; elle doit la maintenir en bon état, sa
dégradation étant susceptible de nuire aux voisins. Les parties de l'édifice qui sont
communes sont à la charge de la collectivité, construites et entretenues par corvées. Les
propriétaires choisissent un gardien ou portier, attaché en permanence à l'édifice et
assurent sa subsistance.
L'agadir est sacré à l'égal d'un tombeau de saint ou d'une mosquée. Nulle action
mauvaise, vol, mensonge, adultère ou meurtre, ne doit être commise dans le magasin; il
est inviolable, et c'est aussi un lieu d'asile.
Source: http://www.berberescope.com


03/12/2009
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